Marre des devoirs !

Publié le par FCPE de l'école primaire du Vernet

 

Il y a les parents qui, comme vous peut-être, s’exclament : « M. Duboulot est un bon prof. Il donne des devoirs. Il fait travailler ses élèves ».

 

Il y a les parents qui comme Anne Roumanoff, dans l’un de ses excellents sketchs pédagogiques, s’emportent : « Elle nous fait un peu ch … ta maîtresse, Madame Leglodin ! ». Et parfois ce sont les mêmes parents qui se réjouissent et qui protestent !

 

Il y a des enseignants qui donnent des devoirs parce qu’ils pensent qu’il faut mémoriser, appliquer, s’entraîner.

Il y en a, au collège, qui en donnent sans se préoccuper de ceux que donnent leurs collègues aux mêmes élèves. Il y en a qui en donnent parce que des parents en veulent.

 

Il y en a aussi qui n’en donnent pas, bravant les critiques des uns et des autres, considérant que cela ne sert à rien. Il y en a qui n’en donnent pas parce que le problème n’a fait l’objet d’aucune réflexion collective ni en formation ni en réunion dans l’établissement.

 

Il faudra bien oser dire la vérité sur cette affaire qui alimente régulièrement les discussions de café du commerce, des sorties d’école, des réunions diverses. Sans généraliser abusivement, sans caricaturer, il faut bien évoquer

 

  • Les devoirs inutiles : faire des exercices supplémentaires, les mêmes pour tous, que les élèves aient compris ou non. Dans le meilleur des cas, ils ne manquent pas de maugréer : « Pourquoi on m’oblige à faire ça, j’ai compris et ça m’ennuie »

 

  • Les devoirs « occupationnels obligatoires »  : faire des travaux qui n’ont pas de rapport avec la notion elle-même mais qui constituent une charge énorme de travail ennuyeux et ennuyant. Exemple : tracer les symétriques d’une dizaine de figures compliquées, cela n’aide en rien la construction de la notion, c’est un travail graphomoteur avec un peu de mesure. Il exaspère les élèves : « J’en ai marre, ça me barbe, je suis fatigué. »

 

  • Les devoirs non corrigés ou simplement vus. « Le prof a même pas regardé ». Il faut dire que le cours suivant est prêt et que le temps presse si l’on veut « faire le programme ».

 

  • Les devoirs faits pas les parents ou les grands frères. Avec toutes les légendes sur les mauvaises notes obtenues par les parents, parfois intellectuels de haut niveau. Un parent à un autre parent : « j’ai eu 3/20 et toi ? ». Tout le monde est passé par là, même les parents/enseignants qui donnent les devoirs aux enfants des autres mais peinent avec les devoirs des leurs.

 

  • Les devoirs que les enfants ne comprennent pas et que les parents ne peuvent pas leur expliquer. Il ne s’agit pas que des familles socio culturellement défavorisées. Il arrive que certains exercices de manuels ne soient compris que par leurs auteurs et leurs confrères.

 

D’une manière générale, il vaudrait mieux admettre, ce qui n’est pas le cas actuellement, que l’on ne peut pas demander à des personnes extérieures à l’école, les parents ou les « professionnels de l’aide aux devoirs », de faire hors temps scolaire ce que l’école et les enseignants n’ont pas su faire pendant le temps scolaire.

C’est même assez dévalorisant pour l’école de considérer que, si un enfant ne réussit pas, c’est qu’il ne travaille pas assez chez lui.

Cette remarque est pourtant fréquemment entendue dans les conseils de classe de collège.

 

Dans la perspective d’un nouveau projet éducatif, il faudra bien que la question soit traitée en formation des enseignants quand elle sera rétablie, en termes de réflexion et de savoirs sur les processus d’apprentissage, qu’elle soit inscrite dans les ordres du jours des instances d’administration et d’animation des établissements, que l’avis et la vie des élèves soient pris en considération.

 

Et si les élèves devenaient des faiseurs, des producteurs, des diffuseurs de savoirs ?

Et s’ils étaient appelés à utiliser et à renforcer leurs compétences dans des situations ayant du sens ?

 

Les mouvements pédagogiques ont des idées fortes sur ces idées.

 

Mais vous n’êtes pas obligé d’être d’accord.

Pierre Frackowiak sur educavox link

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