Place des parents dans l'école : billet d'opinion

Publié le par FCPE de l'école primaire du Vernet

Non, ils ne sont pas encore les bienvenus !

 

A chaque rentrée scolaire, depuis la fin des années 1960, l’Education Nationale diffuse inlassablement dans ses tuyaux d’orgue, des incantations, des recommandations, des injonctions pour améliorer les relations entre l’école et les familles.

Et depuis quarante ans, l’échec dans ce domaine essentiel pour la réussite éducative est patent.

Chaque année des équipes tentent de résoudre les problèmes, d’élaborer et d’expérimenter de nouveaux protocoles, de rechercher les moyens de faire venir les parents à l’école, notamment ceux que l’on voudrait voir et que l’on ne voit jamais. Inlassablement, les parents d’élèves et notamment la FCPE plaident pour une co-éducation vraie et proposent des solutions.

 

Les projets éducatifs des partis politiques décrètent tous qu’il faut améliorer les relations sans jamais dire comment.

Et les faits sont là : faiblesse de la participation aux élections, droit d’intervention dans les instances (CA, CE), limité à des questions secondaires « diverses », persistance de la convocation des parents pour recevoir des admonestations et des conseils, réduction du rôle de parent à celui de « parendélève » ni citoyen, ni maçon ou pécheur à la ligne, ni porteur de savoirs et d’intelligence, invraisemblables rituels des conseils de classe et des queues successives devant les confessionnaux ouverts, interdiction du dialogue sur les pratiques pédagogiques incomprises…

Par contre, les appels à leur mobilisation pour lutter contre les suppressions de postes et à leur ingéniosité pour recueillir des fonds complémentaires aux financements publics insuffisants sont monnaie courante…

 

Les enseignants ne sont ni responsables ni coupables de ces terribles constats.

Même si de nombreux ouvrages, parfois excellents, sont consacrés à cette question cruciale et décrivent des expériences intéressantes et positives, il faut reconnaître que les réussites ne sont pas généralisées, qu’elles ne sont peut-être pas généralisables car liées à des personnes, que la formation professionnelle des enseignants ignore la question, que le découragement des uns et des autres gagne.

Il faut reconnaître aussi que les tendances consuméristes, agressives, critiques, procédurières, se développent et conduisent à retrouver cette méfiance des parents que les enseignants exprimaient fortement aux débuts de l’ouverture de l’école et que l’on peut retrouver aujourd’hui, exacerbée par des médias plus intéressés par les crises et conflits que par les réussites.

 

En fait, hors les expériences locales à saluer, le problème est impossible à résoudre au-delà d’apparences, d’illusions, qui font le jeu du conservatisme.

Tant que les enseignants seront formés et formatés pour dominer les parents, tant que les ambigüités des rapports donneront du pouvoir aux uns, les prétendus experts, et aux autres, les parents ignorants, le sentiment d’être encore des élèves obéissants, tant que ces rapports seront placés sous la pression d’un pouvoir des uns sur les autres, il sera impossible de progresser.

 

Les parents connaissent leurs enfants mieux que personne, ils les voient souffrir pour faire leurs devoirs, ils ne comprennent pas eux-mêmes certains exercices, ils récupèrent de mauvais notes quand ils se substituent à leurs enfants, ils s’insurgent contre des injustices et ne peuvent pas le dire, ils ne peuvent pas interroger les choix pédagogiques sans risque.

 

De nouvelles injonctions ne changeront rien surtout dans le contexte d’une déshumanisation effrénée du système, telle que nous l’observons aujourd’hui.

 

La seule solution est une véritable ouverture de l’école, sa transformation en « maison des savoirs et de l’éducation tout au long de la vie, « concept porté par la Ligue de l’Enseignement, où les publics non scolaires, dont les parents, auront l’habitude de venir, pour autre chose que recevoir des recommandations, pour exister, pour échanger des savoirs, pour débattre, pour dialoguer, pour apprendre, dans le cadre d’une éducation populaire qui doit retrouver toute sa place.

 

La mise en place de ce concept exigera beaucoup de courage politique et de moyens.

Mais vous n’êtes pas obligé d’être d’accord !

 

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